UNE GUINEE NOUVELLE EST POSSIBLE

JPCI 2025 : Clap de fin sur fond de planification moderne, inclusive et guidée par les données

Conakry, le 26 juin 2025 – C’est dans une atmosphère empreinte d’engagement et d’ambition que s’est clôturée la toute première édition des Journées de la Planification et de la Coopération Internationale (JPCI), organisée par le Ministère du Plan et de la Coopération Internationale. Pendant deux jours, décideurs politiques, partenaires techniques et financiers, experts, chercheurs et représentants de la société civile se sont réunis autour du thème : « Réinventer la planification et la coopération pour une Guinée émergente, inclusive et résiliente ».

Dans un monde en constante évolution, ces assises ont offert à la Guinée une occasion stratégique de revisiter ses outils de planification et de redessiner les contours d’une coopération internationale plus efficace, ancrée dans les réalités nationales. L’ambition est claire : s’appuyer sur des statistiques fiables pour guider les décisions publiques et asseoir un développement durable.

Un rebasage historique qui redimensionne l’économie guinéenne

Cette deuxième et dernière de ces JPCI a été marqué par la présentation des résultats du rebasage du Produit Intérieur Brut (PIB) selon les normes du Système de comptabilité nationale 2008. Un exercice technique de grande envergure qui révèle un PIB de 161 539,2 milliards de GNF en 2018, contre 106 845,3 milliards selon l’ancien système, soit une réévaluation de 51,2 %.

Cette réforme statistique, fruit de plusieurs années de travail de l’Institut National de la Statistique (INS), a permis une meilleure couverture des activités économiques, une intégration des changements structurels dans l’économie nationale et l’adoption de méthodes modernes de calcul.

Dr Makan Doumbouya, Directeur Général de l’INS, soutient que le gain de 54 693,9 milliards GNF du niveau du PIB s’explique essentiellement par l’amélioration de la couverture des activités économiques, à travers l’utilisation des sources additionnelles dans plusieurs secteurs, ainsi que l’amélioration des méthodes de calcul conformément aux recommandations du SCN de 2008.

Par ailleurs, l’analyse de la structure du produit intérieur brut (PIB), montre une hausse de 13,5 points de pourcentage du poids du secteur primaire, passant de 22.9% selon le SCN de 1993 à 36,4% selon le SCN de 2008. Les poids des secteurs secondaire et tertiaire, sont respectivement de 29% et 29,1%, soit des baisses respectives de 4,4 et 6,0 points de pourcentage, en raison de l’importance que le primaire a prise avec la mobilisation de nouvelles sources d’informations sur l’agriculture.

Dr Doumbouya a fait remarquer que les principales caractéristiques qui ressortent des nouveaux résultats des comptes de 2018 à 2024 sont : une économie fortement soutenue par les activités agricoles et minières.

Un tournant salué par les partenaires internationaux

Les partenaires présents ont unanimement salué la rigueur et l’ambition de cette réforme.

Le Représentant résident du Fonds Monétaire International (FMI) en Guinée, Dr Nérée Noumon, a salué la publication des nouveaux comptes nationaux rebasés de la République de Guinée. Pour lui, le rebasage des comptes nationaux était un impératif technique qui permet à la Guinée d’aligner son système statistique aux standards internationaux en matière d’élaboration des comptes nationaux. « Ce rebasage constitue une étape structurante pour asseoir la crédibilité statistique du pays et mieux orienter les politiques publiques », a souligné Dr Nérée Noumon, appelant à maintenir les réformes, moderniser l’administration fiscale et renforcer la gestion de la dette. Il informe que les résultats du rebasage auront des implications considérables et stratégiques sur plusieurs des indicateurs clés de l’économie guinéenne. « Tout d’abord, le ratio dette/PIB s’améliore mécaniquement grâce à la révision à la hausse du PIB. Le revenu par habitant sera également revu à la hausse, affectant la perception du niveau de développement du pays. En parallèle, la pression fiscale, mesurée par le ratio des recettes fiscales au PIB, pourrait apparaître plus faible en raison du PIB plus élevé », a-t-il dit.

Pour M. Issa Diaw, Représentant résident de la Banque mondiale en Guinée, ce changement de paradigme constitue une avancée majeure. Il a salué l’intégration de la cartographie des infrastructures dans le Recensement Général de la Population (RGPH-4), un outil précieux pour mieux cibler les investissements publics, réduire les inégalités territoriales et orienter les capitaux privés.

Une économie portée par les mines et l’agriculture

Les nouveaux comptes révèlent une dominance progressive du secteur secondaire, notamment minier, dans la structure économique guinéenne : 41 % du PIB en 2020, contre 32,3 % pour le primaire et 21,3 % pour le tertiaire. Les activités agricoles et minières apparaissent comme les piliers de la résilience économique, avec une croissance moyenne supérieure à 6 % entre 2018 et 2024, bien que les investissements restent relativement faibles, sous les 25 % du PIB.

Des données au cœur de la souveraineté nationale

Le Ministre du Plan et de la Coopération internationale, Ismaël NABE, a souligné que la migration vers le SCN 2008 n’est pas qu’une opération technique. Elle reflète la volonté politique de moderniser l’État et d’en faire une institution guidée par des données. « Ce qui ne se mesure pas, ne se gère pas », a-t-il lancé, appelant à faire des statistiques une boussole stratégique pour la gouvernance, l’attractivité économique et la transparence budgétaire. Pour lui, cette réforme marque une étape historique dans la modernisation du système statistique national du pays. Elle réitère, selon lui, l’engagement fort du gouvernement à produire des données économiques plus fiables, plus comparables et plus actuelles. Des données au service de la planification stratégique, de la transparence budgétaire et de l’attractivité économique. « Grâce à ce rebasage, le produit intérieur brut de notre pays, la Guinée, a été réévalué à hauteur de 51,2% révélant un point accru des secteurs primaires et secondaires. Cette révision impacte favorablement nos ratios économiques clés tels que le taux d’endettement ou le revenu par habitant, renforçant ainsi la crédibilité de notre pays auprès des partenaires financiers et des investisseurs internationaux. Ce travail minutieux s’inscrit pleinement dans tous les piliers du programme Simandou 2040 », a-t-il rappelé.

Cap sur l’avenir : vers une consolidation des réformes

À l’issue des JPCI, les autorités ont annoncé une série d’actions futures :

  • Finalisation des comptes 2021–2024 ;
  • Élaboration des comptes régionaux ;
  • Développement d’une matrice de comptabilité sociale ;
  • Renforcement de la communication statistique ;
  • Adhésion projetée au Système de Diffusion des Données Spéciales (SDDS) du FMI.

Clôturant ces JPCI 2025, le Ministre Directeur de cabinet de la Présidence, El hadj Djiba DIAKITE, a souligné que le programme Simandou 2040 illustre une planification stratégique anticipée du développement souverain, durable et responsable de la Guinée, menée par ses fils et filles, avec l’appui de partenaires stratégiques, sous la clairvoyance du président de la République, le général Mamadi Doumbouya. « Au terme de ces deux jours de réflexion intense, je tiens à exprimer, au nom du président de la République, notre profonde gratitude pour votre participation active, la richesse de vos contributions et votre engagement. Vos idées et expertises ont été précieuses pour orienter les actions futures de notre programme de développement pour les quinze prochaines années », a-t-il indiqué.

Il a rappelé que ces journées ont été l’occasion de poser un regard lucide sur les défis du développement national, les priorités stratégiques, les exigences de la coopération internationale, et surtout la nécessité d’une planification rigoureuse basée sur des données fiables. « L’importance des données a été au cœur des échanges. Il est essentiel de garantir la continuité et l’actualisation de ces données dans le temps, afin d’assurer une allocation efficace des ressources et maximiser l’impact de nos politiques publiques », a-t-il poursuivi. Il a insisté sur l’intégration des nouvelles données dans les outils de planification tant sur plan national qu’international. « Nous sollicitons auprès de tous les acteurs nationaux et des partenaires internationaux, l’intégration des nouvelles données en lieu et place des anciens caducs dans les outils de planification, en vue de refléter la structure, la réalité, les données réelles de notre économie dans le programme Simandou 2040 et dans les stratégies et politiques sectorielles. Pour terminer, je voudrais sincèrement vous inviter à garder en mémoire les idées et les engagements qui ont émergé de ces deux jours. Chacun d’entre vous est un acteur clé de cette transformation. Nous comptons sur vos soutiens, expertises et expériences pour faire de la Guinée un modèle de développement durable et inclusif sous le leadership de son Excellence Générale, Mamadi Doumbouya », a-t-il exhorté.

Il a rappelé que le projet minier intégré Simandou est appelé à générer emplois, formation, diversification économique et amélioration des conditions de vie, pour peu que les données nouvelles soient pleinement intégrées dans les outils de planification sectorielle. « Le développement ne se décrète pas, il se construit avec rigueur, intelligence collective et vision. Nous comptons sur chacun d’entre vous pour faire de la Guinée un modèle de développement durable et inclusif », a-t-il martelé, appelant tous les acteurs : État, secteur privé, société civile et partenaires, à une synergie d’action autour d’objectifs communs.

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