Conakry, le 9 décembre 2024-Le gouvernement a présenté au Conseil national de la transition (CNT), le Projet de Loi de finances initiales (PLFI) pour l’année 2025. Le Premier ministre, Amadou Oury BAH, a assisté à cette présentation par les ministres du pool économique de son gouvernement.
Conformément à la mission dévolue à son département, le Ministre du Plan et de la Coopération internationale, Ismaël NABE, a décliné les perspectives macroéconomiques qui sous-tendent le Projet de Loi de Finances Initiale 2025.
Il a axé sa communication sur trois points essentiels :
- La présentation du contexte et des perspectives macroéconomiques internationales et nationales ainsi que les hypothèses qui sous-tendent ce projet de Loi de Finances Initiale 2025 ;
- La planification des actions prioritaires du Gouvernement, en particulier l’élaboration du programme Simandou 2040 qui vise à réussir la transformation structurelle de notre économie ;
- L’évocation des engagements internationaux de la Guinée, notamment en termes de mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) ainsi que leur nécessaire alignement au budget national.
Abordant le premier point sur les perspectives macroéconomiques internationales et nationales, le Ministre Ismaël NABE a souligné que l’économie mondiale a été fortement impactée par plusieurs événements successifs, parmi lesquels figurent : les répercussions durables de la pandémie de COVID-19, ayant perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales ; la persistance des tensions géopolitiques ; le durcissement des conditions de financement, en raison des taux d’intérêt élevés et des risques accrus de refinancement ; la réduction sans précédent du soutien budgétaire. Il a cité aussi l’incendie du dépôt principal de carburant de Conakry en décembre 2023, qui a perturbé la disponibilité du carburant et impacté négativement l’économie nationale.
Au niveau national, le Ministre Ismaël NABE soutient que malgré ces incertitudes, l’économie guinéenne fait preuve d’une résilience remarquable face à ces défis mondiaux, en maintenant une trajectoire positive de croissance. Les perspectives économiques de du pays pour 2024 sont encourageantes, poursuit-il, avec un taux de croissance économique de 6%, incluant les effets induits par les travaux de construction des infrastructures du projet d’exploitation du minerai de fer de Simandou. Aussi, l’accélération de la mise en œuvre de ce projet avec l’intensification de la réalisation des infrastructures routières, énergétiques et hydrauliques, auxquelles s’ajouteront le renforcement du capital humain et la démocratisation de la digitalisation, ouvre-t-elle des perspectives légitimes de taux de croissance économique jamais atteints par notre pays dans les années à venir.
Il a rappelé que le Gouvernement compte sur le soutien constant du Conseil National de la Transition pour relever ces défis essentiels pour l’avenir de notre pays.
Le Ministre Ismaël NABE a annoncé qu’au titre du projet de budget pour 2025, il en résulte les hypothèses suivantes :
- Réaliser un taux de croissance économique de 7,0% grâce aux activités extractives ;
- Atteindre un taux d’inflation à Conakry de 6,0% en moyenne annuelle ;
- Stabiliser le taux de change de la monnaie guinéenne par rapport aux principales devises étrangères (8 488,8 GNF pour un Dollar USD et 9 878,3 GNF pour un Euro).
Au titre du deuxième point sur la planification des actions prioritaires du Gouvernement, le Ministre NABE a réitéré la volonté des autorités de refonder l’État. Dans ce cadre que les actions identifiées pour atteindre cet objectif figurent le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH4), les Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement (SRAD), ainsi que l’élaboration du Programme Simandou 2040, initiée sous la coordination du Ministère du Plan et de la Coopération Internationale, en lien avec le méga projet d’exploitation du minerai de fer de Simandou.
Monsieur NABE a rappelé que le Président de la République, le Général de corps d’armée, à travers le Programme Simandou 2040, inscrit le développement de la Guinée dans une dynamique irréversible au-dessus des régimes politiques. Car le Projet Simandou est un projet transformateur dont les effets d’entraînement et de dimensionnement représentent une véritable révolution économique et industrielle pour la République de Guinée. Il vise à transformer notre pays en un acteur majeur sur la scène minière et à impulser une dynamique de développement durable, capable de soutenir une croissance inclusive et de garantir un avenir prospère pour les générations futures. Simandou est bien plus que l’extraction de minerais, c’est une vision globale et ambitieuse pour l’avenir de la Guinée, qui s’articule autour des macro-secteurs axés sur cinq piliers essentiels :
Le premier pilier concerne l’agriculture, l’industrie alimentaire et le commerce. Il a pour objectif d’accélérer la transformation structurelle de notre économie qui passera d’une économie de subsistance à une économie industrielle et commerciale dont l’impact est beaucoup plus appréciable sur le revenu, l’emploi et la croissance. Le vocable agriculture désigne dans ce sens la ruralité ou l’ensemble du secteur primaire : agriculture, élevage et pêche. Le défi important à relever est de créer les conditions appropriées pour négocier le passage du secteur primaire à l’industrie et à l’intégration sur les marchés porteurs.
Le deuxième pilier concerne l’éducation et la culture. De par sa nature transversale, il constitue le fondement central de la stratégie du capital humain pour les années à venir.
Le troisième pilier concerne les infrastructures, les transports et les technologies. Tout comme le capital humain, l’infrastructure, les transports et la technologie constituent des moteurs transversaux du développement. Dans un premier temps, il s’agira de lever les contraintes physiques en dotant le pays d’infrastructures de base, puis de développer les infrastructures de développement.
Le quatrième pilier concerne l’économie, les finances et l’assurance. La mise en place d’une infrastructure financière et d’assurance est une condition essentielle pour favoriser le développement financier avec un fort impact sur le développement économique. Il s’agit, d’une part, de diversifier le système de financement et, d’autre part, d’intégrer deux innovations majeures au sein de ce système : la notation pays et la création d’un fonds souverain. La construction d’un secteur assurantiel moderne et fort est une garantie pour atténuer les risques financiers issus des financements complexes et structurés comme les partenariats public-privé. L’intérêt de s’appuyer sur ce secteur est également d’assurer la stabilité macroéconomique et la durabilité à long terme à la fois de notre stratégie économique et de nos finances publiques.
Le cinquième pilier concerne La santé et le bien-être. Il s’appuiera sur la création de Centres hospitalo-universitaires (CHU), qui auront pour mission de coordonner les hôpitaux régionaux, préfectoraux et les centres de santé primaires, afin de renforcer la formation de nos médecins et d’affirmer la spécialisation médicale.
Le Ministre NABE insiste que la finalité de cette stratégie de développement économique s’articule autour des points suivants :
- La transformation de l’infrastructure nationale : Le programme Simandou 2040 amplifiera la construction d’infrastructures modernes, notamment un chemin de fer de grande envergure reliant les zones d’exploitation minière et agricole au port de Conakry. Ces infrastructures faciliteront non seulement l’exploitation des ressources minières, mais aussi le développement des secteurs économiques adjacents, en améliorant la connectivité et en créant des emplois pour nos populations.
- La diversification de l’économie : L’exploitation du minerai de fer de Simandou offrira à la Guinée l’opportunité de diversifier son économie en créant des revenus supplémentaires, destinés à financer d’autres secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie, l’industrie et les services. Ce processus de diversification est crucial pour diminuer notre dépendance minière et pour préparer l’économie guinéenne aux défis futurs.
- La création d’emplois et le renforcement des compétences locales : Le Programme Simandou 2040 mettra un accent particulier sur la formation et le renforcement des compétences de nos ressources humaines. Nous veillerons à ce que la main-d’œuvre locale soit pleinement impliquée dans la réalisation du projet, en bénéficiant de programmes de formation spécialisés pour acquérir les compétences techniques et managériales nécessaires.
Le Ministre Ismaël NABE a informé que ce projet de Loi de Finances initiale 2025 correspond à la dernière année de mise en œuvre du Programme de Référence Intérimaire (PRI) 2022-2025. Il va ainsi fortement contribuer à la réalisation du Programme Simandou 2040 à travers l’exécution des projets d’investissement par les financements du Budget National de Développement (BND) et de nos partenaires extérieurs. Même que l’analyse de ce projet de loi de finances montre l’alignement du budget avec les priorités de Simandou 2040. Ainsi, le pilier 1 reçoit 5,6% des dépenses, tandis que les piliers 2 et 5 représentent 52,4% des dépenses. Le pilier 3 bénéficie quant à lui de 29,8% du budget 2025, et le pilier 4 constitue 12,2%. Cela représente une preuve éloquente de l’engagement de tout un pays à amorcer son processus de développement sur la base d’une vision claire.
Le présent Projet de Loi de Finances initiale 2025, insiste-t-il, est en parfaite adéquation avec les priorités du Gouvernement et inclut des mesures visant à renforcer notre résilience face au changement climatique. Il soutient également des pratiques durables, notamment par le biais d’investissements dans la protection de l’environnement et l’intégration de critères écologiques dans la réalisation des projets d’infrastructures.
Pour le Ministre, cette approche témoigne l’engagement du gouvernement à contribuer à la préservation de la planète tout en poursuivant le développement économique et social de la Guinée, et constitue l’essence même de ce projet de Loi de Finances initiale 2025. C’est pourquoi, il a sollicité son adoption.